Exigez de la France qu’elle renforce la protection de ses espaces maritimes

Appelons la France à renforcer la protection de ses aires marines protégées.

L’engagement de 190 pays à protéger 30% de l’océan d’ici 2030 à l’issue des négociations internationales de la Convention sur la diversité biologique (COP 15, décembre 2022) a suscité un nouvel espoir.

Si la France revendique le rôle de champion du climat et de la biodiversité au sein des arènes internationales, la politique de conservation mise en place sur son territoire maritime est loin d’être à la hauteur et décrédibilise sa posture internationale.

Forte du second plus vaste territoire maritime au monde (près de 11 millions de kilomètres carrés), la France hérite d’une responsabilité singulière. Elle est l’une des garantes majeures de la bonne santé de l’océan, régulateur du climat et plus grand espace de vie de la planète.

Alors que la France déclare que plus de 33 % de ses espaces maritimes sont couverts par des aires marines protégées (AMP), elle tolère en réalité les activités industrielles et extractives (exploitation de granulats, pêche industrielle, éolien en mer) dans la plupart de ces espaces dits “protégés.”

Tandis que l’Union européenne, elle, appelle à rehausser le niveau de protection des AMP et à protéger strictement 10% des espaces maritimes de l’Union, seulement 4 % des espaces maritimes français sont strictement protégés en 2022, presque exclusivement situés dans les Terres australes françaises.

Surtout, la France ne s’aligne pas avec la définition européenne de “protection stricte” et promeut une “protection forte à la française” qui autorise des activités extractives dont l’impact sur les écosystèmes n’est pas mesuré. Pourtant, les travaux de recherche montrent que des niveaux de protection élevés conditionnent les bénéfices tant écologiques qu’économiques et sociaux des AMP.

La Plateforme Océan & Climat lance donc une campagne pour inciter le gouvernement français à développer un réseau d’aires marines effectivement protégées et connectées sur 30 % de ses espaces maritimes, en y incluant 10 % sous protection stricte d’ici 2030, et ce sur chaque façade maritime et bassin ultramarin. Cette protection doit s’accompagner des moyens humains et financiers afférents ainsi que d’une relance du dialogue entre les parties prenantes pour permettre la durabilité de l’ensemble des activités en mer.

Concrètement, en s’appuyant sur les travaux scientifiques ainsi que les standards internationaux et exigences régionales, nous demandons au gouvernement français de : 

1. Adopter la définition d’une aire marine protégée selon les normes mondiales de conservation de l’UICN, et l’appliquer aux 33 % des eaux françaises couvertes par des AMP.

2. Renforcer la définition légale de la “protection forte” en l’alignant avec la “protection stricte” européenne.

3. Protéger strictement 10 % de chaque façade maritime et de chaque bassin maritime ultramarin.

La France élabore actuellement sa nouvelle Stratégie Nationale pour la Mer et le Littoral qui doit définir les grandes orientations politiques pour le milieu marin entre 2023 et 2029. 

Presque 97% de la ZEE française est située dans ses territoires ultramarins

Saisissons cette occasion pour exhorter le gouvernement à mettre en place un véritable réseau d’aires marines protégées pour protéger efficacement l’océan dont notre futur dépend.

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